Parce que je l'ai vécu, je vais parler de moi.
J'étais anorexique restrictive puis anorexique/ boulimique vomitive (durée totale 25 ans),
et il y a de ça , plus de 13 ans.
--------------------------------------------------Avant la crise----------------------------------------------------------------
Dès le réveil, on se promet de ne pas craquer sur l'aliment plaisir-ennemi qui nous hante l'esprit 24h sur 24.
Dès le premier pas dans la rue, on essaie de se mettre en mode automatique, ne penser à rien. Croyant panser le mal.
Paradoxalement, plus les minutes passent, plus les angoisses creusent un vide abyssal jusqu'à nous faire trembler de l'intérieur.
On passe par des états d'âme contradictoires: on résiste, on panique, on déambule dans les rues, le pas s'accélère, on fuit. Tout en voulant croire que l'on pourra éviter la crise.
-----------------------------La crise qui va faussement combler le vide--------------------------------------------
Et, tout bascule en quelques secondes.
Alors commence le chemin de croix et on devient son propre bourreau.
On évite les boulangeries que l'on a dévalisées la veille.
On se rue vers le 1er super marché et le caddie se remplit de viennoiseries et de yaourts, de sodas et de pain, de légumes pour se donner bonne conscience.
L'important , là, à cet instant est de se gaver de tout et on se fout avec quoi!! On est face à son pire ennemi: soi.
L'inexplicable est entrain de se dérouler.
Si, toi lambda, à ce moment-là, tu essaies de nous raisonner, c'est impossible.
Car tu nous empêcherais de prendre la dose telle la coke qui nous retient en vie .
--------------Détail d'une crise: punition d'avoir succombé à un plaisir non maîtrisé--------------------
On se précipite dans un coin de la rue, si chez soi est trop loin, pour ingurgiter TOUT et n'importe comment.
A peine une bouchée avalée que l'on enfonce une autre, par des gestes saccadés.
De la bouche déborde la salive saturée de sauce, les miettes tapissent le sol.
Le cœur s'accélère.
Le ventre se dilate à son maximum.
Et....soudain, on réalise l'ampleur du désastre dont on en est maître.
Et la honte nous pousse à poursuivre, pour se punir, jusqu' à ce que l'échine s'écroule et que le rideau tombe.
Inerte sur le sol, l' instinct de survie se met en alarme .
Alors, on se redresse, on se fait sermon de ne pas sombrer le lendemain. Pour se convaincre, on planifie méthodiquement ce qui va venir pour tout contrôler à nouveau.
Une vis Sans f(a)in sans soif de vie!
----------------------------------------------------------La purge------------------------------------------------------------
On cherche un coin pour évacuer le vomi tel un geyser sous pression! On se purge jusqu'à ce que le premier aliment gobé soit évacué.
Seule, vraiment seule!
Epuisée, honteuse de cette décadence, double sentence psychologique et physique.
L'oesophage saigne, les yeux sont éclatés, le corps s'écroule, et on se promet que demain sera autre!
--------------------------------------------------------Et pourtant----------------------------------------------------------
Le lendemain, on y croit. On sort sans argent pour éviter de succomber à la crise!
Les km s'enfilent, le vide s'installe.
Mais le plein s'impose jusqu'à en vider les poubelles!
Et le lendemain encore, les placards sont vides et le compte en banque dans le rouge, alors on croque dans la pizza congelée et anarchiquement, une mixture improvisée de farine et eau enfournées dans le micro-onde et en une bouchée le tour est joué!
Etc, etc...
---------------------------------------------------------ET un jour----------------------------------------------------------
On en guérit sur plusieurs années!
On tombe encore, on se relève et peu à peu les crises s'espacent pour enfin croquer la vie et la manger en pleine dents, sans y laisser des miettes.
Si j'écris ceci aujourd'hui,
c'est que je m'en suis sortie!
Pour cela, j''ai dû affronter le mal qui me vampirisait.
ET, je vous accompagne pas à pas vers la guérison,
mais avant, je vous pose la question d'Hypocrate .
"Avant de guérir quelqu'un, demandez-lui s'il est prêt à abandonner les choses qui le rendent malade."
